mercredi 26 septembre 2007

Facebook et Twitter: les réseaux sociaux qui montent, qui montent....

Aux Etats-Unis ils font un véritable tabac. Facebook et Twitter sont les nouveaux réseaux sociaux dont tous le monde parle et suscitent les engouements de plus en plus appuyés de publicitaires, buzzers et investisseurs en tout genre. Leurs taux de croissance sur le marché européen laissent rêveurs. Mais qui sont-ils?

FACEBOOK: créé il y a 3 ans et demi par un étudiant d'Harvard de 19 ans, Marc Zuckerberg, sa vocation primaire était de constituer un réseau social de lycéens et universitaires. Au début accessible que sur invitation, Facebook s'est ensuite ouvert à tous. Et bien lui en a pris! Le réseau compte désormais 42 millions d'utilisateurs actifs dans le monde, dont 10.8 millions en Europe. Le taux de croissance des abonnés européens a été entre Janvier et Juillet 2007 de 422% (le plus haut de tous les réseaux sociaux), et positionne Facebook à la quatrième place du palmarès des réseaux sociaux les plus utilisés (après MySpace, SkyRock et Bebo). Le parc de ses utilisateurs a beaucoup évolué depuis 2004. Les étudiants ne représentent plus que 50% des inscrits et les prévisions disent que d'ici la fin de cette année, ce pourcentage sera passé à 30%. De plus en plus de professionnels utilisent donc Facebook pour se connecter à d'autres professionnels. L'ouverture du site aux développeurs qui souhaitent intégrer des applis pour le public fait en sorte qu'un nombre croissant de services sont disponibles sur Facebook et partageables avec sa communauté d'amis: upload et partage photos, messagerie, petites annonces, suggestions de cadeaux, jeux en ligne contre les autres membres, etc. Un bon exemple d'une page de profil Facebook est celui de la journaliste des Echos Innovation Virginie Robert (mais il faut s'inscrire pour la voir...!). "Last but not least" le 25/09/07 le Wall Street Journal a annoncé la volonté de Microsoft de racheter 5% de Facebook (investissement entre 300 et 500 millions de dollars), ce qui porterait la valeur de la société à environ 10 milliards de dollars.

TWITTER: lancé en Juillet 2006 le service créé par Jack Dorsey, Evan Williams et Biz Stone est d'une simplicité enfantine. Il s'agit d'un micro-blog, couplé à un réseau social, qui permet à tout instant de communiquer à sa "tribu" via web, SMS ou IM "ce que l'on est en train de faire". Cette information remonte en temps réel vers les destinataires choisis, qui sont donc en permanence mis à jour sur vos pensées profondes, vos humeurs, le temps qu'il fait, etc. On ne peut envoyer que du texte ou des liens, le tout sur 160 caractères maximum. Inutile de dire qu'il est difficile, compte tenu de ces contraintes, de s'épancher!
Le service connaît une croissance fulgurante. En France il existe même un Twitter fan club par le biais duquel vous pourrez être tenu au courant des derniers développements et mashups du service. Lorsque l'on lit les impressions des internautes au sujet de Twitter les avis sont partagés. Mis à part les inconditionnels (nombreux?), le commentaire-type le plus récurent est "Ca ne sert pas à grande chose, mais c'est marrant et ça marche de folie aux USA". Avis aux futurs Twitteurs...
Qu'est-ce que je pense de tout cela? Plusieurs idées me viennent à l'esprit.
La cible
Elle s'est étendue d'un public d'adolescents et préadolescents à un public beaucoup plus âgé et dans le plein de son activité professionnelle. Mais si ce mode de communication permanent et compulsif peut se justifier pour des ados à la recherche de repères, correspond-il vraiment à un public de professionnels à priori très occupé, devant gérer des obligations sociales consommatrices de temps dans la "real life" et ayant aussi une famille qui réclame attention et présence? Personnellement je ne le crois pas et le mini sondage réalisé par Virginie Robert hier soir lors d'une conférence à Essec, confirme mes dires. Une seule personne du public (sur 130 présentes) était inscrite à Twitter et peu étaient présentes simultanément sur Viadeo, LinkedIn et Facebook. Ceux qui ont le temps et la culture native de ce genre d'outils restent quand même principalement les jeunes, soit les "digital natives", comme dirait Marc Prensky (voir mon post sur l'électronique grand public). Les plus âgés, c'est à dire les "digital immigrants", en font une utilisation beaucoup plus opportuniste et finissent vite par trouver ces systèmes un peu trop intrusifs vis-à-vis de leur vie privée déjà très étriquée -obligations professionnelles et familiales obligent.
L'apparente facilité
L'attrait des réseaux sociaux réside principalement dans la simplicité avec laquelle l'on peut rentrer en contact avec plusieurs utilisateurs ou groupes d'utilisateurs ciblés aux quatre coins du monde. La rapidité avec laquelle les échanges se font est perçue, dans ce monde qui manque de temps, comme un signe évident d'efficacité. De surcroît, l'immatérialité des contacts (on ne voit pas son interlocuteur) contribue à faire sauter les barrières psychologiques et réduit le jugement. On laisse tomber la forme pour ne se concentrer que sur le contenu de l'échange. Et tant que l'on reste dans le monde virtuel cette facilité est très positive. Les choses se compliquent lorsque l'on a besoin de passer du virtuel au réel. Car là les barrières ressurgissent et les protections sociales et personnelles de chacun refont surface. Les internautes qui n'hésitaient pas à consacrer une partie conséquente de leur temps au "socializing" virtuel, deviennent souvent des personnes très occupées et tout à fait inatteignables dans la vraie vie...!
Le besoin de voir et d'être vus
L'importance croissante des émissions de téléréalité dans les grilles de programmes de nombreuses chaînes est symptôme d'une évolution sociale de plus en plus marquante: la "starisation" de monsieur Toutlemonde. Sur Internet, être les protagonistes incontestés de sa propre histoire, devenir les inlassables paparazzis de sa propre vie, sous prétexte de garder les liens avec sa tribus ou ses amis, est devenu plus qu'un simple phénomène de société. C'est un "must". Pour exister dans le monde professionnel et social, vous vous devez d'être web-visible, de fouler en permanence les planches du net. Ceci mène à la création de réseaux sociaux qui de "réseaux" ont juste le nom, car ils servent, la plupart du temps, le but individualiste de se mettre personnellement en avant vis-à-vis de la communauté virtuelle, et non pas celui d'en être à l'écoute. Twitter est l'exemple parfait de ce phénomène: JE raconte ce que JE fais, de manière "push", à un public qui a consenti à ce que je l'informe. Etre visible coûte ce qui coûte, telle est la nouvelle devise. Le marketing s'en voit transformé: du marketing à la personne on passe au marketing de la personne! Ce besoin spasmodique de se mettre en avant nous amène à un paradoxe: les vraies stars se battent contre la presse pour le respect de leur vie privée; l'internaute en quête de starisation -lui- étale au grand jour ses faits et gestes sans la moindre pudeur!
Et le temps dans tout ça?
Une question me taraude quand même. Mis à part les ados qui ont des emplois du temps peut-être plus flexibles, comment font tous les autres pour trouver le temps pour faire du social networking intensif sur internet tout en gérant leur emploi du temps au travail, leur famille, les loisirs "real life", les trajets en transports sans connexion, et plus si affinités? J'ai beaucoup d'admiration pour ces workaholics de la connexion, mais je me dis que si l'infarctus ne les saisit pas avant, ils vont peut-être finir par se sentir un peu suffoqués, non?

samedi 15 septembre 2007

Appel d'offre? Les 7 conseils de Jacques Birol pour arriver second!

Jacques Birol, HEC 74, ancien président de Publicis, co-fondateur du site http://www.keljob.com/, et co-fondateur du cabinet de conseil LESS & MORE, nous fait un clin d'oeil en nous donnant 7 conseils d'expert pour être sûr de toujours arriver second lors de la réponse à un appel d'offre! Voici ses suggestions:
  1. Répondre point par point au cahier des charges
  2. Créer une pression à la hauteur de l'enjeu
  3. Garder confidentielle sa botte secrète
  4. Dérouler une démonstration parfaite
  5. Répéter la présentation dans le temps alloué
  6. Laisser présenter le meilleur commercial
  7. Exploiter à fond les ressources de PowerPoint
Selon Jacques Birol le secret pour arriver premier est celui de surtout ne pas être trop parfait! Il faut savoir, en fait, entretenir le "juste flou", comme Birol le qualifie, qui permette à son interlocuteur de construire sa propre partie du "rêve"... Avis aux consultants...

vendredi 14 septembre 2007

Comment communiquer l'innovation? L'exemple de Steve Jobs




Lundi 10 Septembre 2007 le Groupement HEC Entreprendre, présidé par Laurent Didier (H 79), a organisé, en collaboration avec Jacques Birol (H 74), cofondateur du site Keljob.com, une conférence sur le thème "Communication d'entrepreneur: réveillez le Steve Jobs qui est en vous".

Jacques Birol part d'un constat simple: la communication de l'innovation n'est pas traitée et approfondie comme elle le mériterait. En particulier, en tant qu'entrepreneur on y est souvent mal préparé.

C'est pourquoi Jacques Birol s'interroge sur les techniques de communication qui rendent les "keynotes" de Steve Jobs si uniques. Au delà d'un talent de communicateur hors du commun, Steve Jobs démontre un professionnalisme et une maîtrise exceptionnels dans l'art de faire adhérer aux idées nouvelles. Ce sont ces techniques que Birol a analysées pour nous en prenant en exemple la conférence de lancement de l'iPod en 2001 (voir vidéo YouTube en en-tête).

Quelle est donc la recette d'une communication de l'innovation réussie?

1. La simplicité. Pas de charts compliqués et d'analyses de marché rébarbatives dans le discours de S. Jobs, mais un constat aussi simple qu'universel: tout le monde aime la musique. La musique existe depuis toujours (et dans toutes les civilisations). Le marché est de ce fait très vaste et sans frontières. Mondial. De surcroît, il n'y a pas vraiment de leaders sur le segment de la musique numérique. Le choix pour Apple de s'y positionner devient tout simplement une évidence à laquelle on ne peut pas échapper!

2. Analyser les choses sous un angle différent (voir aussi le concept de "Lateral Thinking"). A la place de partir dans un comparatif détaillé des caractéristiques techniques et des avantages/inconvénients des produits de musique nomade existants sur le marché en 2001, S. Jobs ne met en avant qu'un seul indicateur: le coût unitaire du morceau de musique, coût qui résulte du rapport prix du baladeur /nombre de morceaux de musique stockables dans chacun des produits du marché: baladeur CD simple, baladeur CD MP3, flashplayer, jukebox HDD. S. Jobs est ainsi rapidement en mesure d'amener son auditoire vers le constat que le prix par morceau le moins cher (0.30 USD) est offert par le produit le plus onéreux à l'achat (300 USD): le jukebox HDD. C'est sur ce segment qu'Apple va se positionner. Ca coule de source, non?

3. Rassurer en parlant de choses que tout le monde connaît. A aucun moment S. Jobs ne parle de technologie ou de spécifications abstraites. Son discours est jalonné de concepts connus et tautologiques, qui rassurent son auditoire. Par exemple lorsqu'il souhaite parler des dimensions de l'iPod, Jobs fait référence à un jeu de cartes (visuel à l'appui sur ses slides!). Tout le monde connait un jeu de cartes! Donc tout le monde peut facilement imaginer quelle taille et quel encombrement a l'iPod. Et comme c'est facile à retenir, tout le monde s'en souvient! A aucun moment Steve Jobs ne parle de produit révolutionnaire, alors que l'iPod en 2001 en est décidément un. Jacques Birol, soutient que selon son expérience "plus on parle de révolution est moins on est capable de la faire". Les vrais innovateurs n'ont pas besoin de mettre en avant leur créativité.

4. La répétition. Tous les concepts importants sont répétés au minimum 3 fois, selon un schéma constant: introduction - constat - piqûre de rappel.

5. Le "leitmotiv". Steve Jobs introduit dans le discours une unité de mesure aussi nouvelle que percutante pour l'imaginaire de son public: il s'agit des 1000 chansons (1000 songs) qu'il est possible de stocker dans l'iPod. Le refrain "1000 songs" est martelé tout au long du discours et est répété 11 fois pendant une présentation de 9 minutes (ratio de répétition par minute = 1.22 fois !). L'unité de mesure "1000 songs" est incisive puisque 1000 chansons, nous dit Jobs, ça représente à peu près l'entière bibliothèque musicale d'une personne lambda.

6. Utiliser le langage des signes. Steve Jobs a été calligraphe avant d'être informaticien et entrepreneur. Il utilise souvent le langage des signes. Par exemple en ne présentant que des slides composées d'une seule phrase écrite avec un logotype basique sur fond noir. La slide, réduite à sa plus simple expression, n'est là que pour souligner un concept et non pas pour prendre la place du conférencier! Autre exemple est l'utilisation de l'icone d'une batterie chargée pour nous parler de l'extraordinaire autonomie de l'iPod. Encore une fois, il s'agit là d'un symbole simple, car banalisé par l'utilisation des téléphones cellulaires, mais visuellement puissant et facile à retenir.

7. Le "juste flou". Certains concepts sont cités mais pas explicités afin de permettre à l'auditoire d'imaginer (et s'approprier) la suite. Certaines slides paraissent volontairement floues. Le design Apple n'apparaît pour la première fois que sur la photo du chargeur de l'iPod après presque 7 minutes de présentation (sur 9 minutes au total!).

Pour résumer, Jacques Birol nous dit que les entrepreneurs qui communiquent efficacement sont généralement ceux qui ont réussi et que leurs présentations ont souvent les traits communs suivants:

  • Phrases courtes et incisives
  • Raconter une histoire vraie et sincère que l'on souhaite partager
  • On ne "se la pète pas"
  • On vient avec des objets à montrer: ça aide le public à concrétiser et à se souvenir des concepts présentés
  • On arrive très vite (dès les premières minutes) à parler de choses concrètes et facilement compréhensibles. En effet 80% de la mémorisation d'un projet se fait dans les toutes premières minutes. Après, l'attention baisse et l'intérêt de l'auditoire aussi.

En reprenant pour conclure les mots de notre conférencier, Jacques Birol, nous pouvons dire que "Steve Jobs a induit la stratégie du DESIR dans le secteur informatique. Il y a d'abord l'attente, puis l'orchestration de la lente montée du désir, la frustration et la révélation en beauté. Il y a la transformation de l'acte d'achat et de l'utilisation en une expérience unique".