lundi 18 octobre 2010

Paypal sur mobile : 39è MobileMonday à La Cantine.

Ce soir à la Cantine se tenait la conférence organisée par Paypal sur les solutions de paiement mobile.

Bertrand Jonquois, membre du bureau de la Mobile Marketing Association France (MMA) et rapporteur de la commission applications mobiles, nous aide à comprendre comment les gens font du m-commerce.

Une étude de Lightspeed Research menée en Mai 2010 en Angleterre, Allemagne et France met en évidence les 3 modes de consommation du m-commerce :

1. L’achat de sonneries ou applis (incluant l’envoi de SMS) : représente au niveau mondial un chiffre d’affaires de 4,2 Md $ et 2,5 Md d’applications téléchargées dans le monde uniquement via les appstores

2. Le e-commerce via téléphone mobile (c.a.d. l’achat de produits) : l’exemple le plus parlant est celui d’Ebay qui a réalisé en 2009 600 M$ de chiffre d’affaires uniquement grâce à son appli iPhone. Ils anticipent 1,5 Md $ pour l’appli iPhone en 2010 (et Thierry Chopard de Paypal croît que le chiffre sera en fait bien plus important).

3. L’attraction des consommateurs vers des magasins physiques grâce aux couponing et à d’autres types d’incentifs d’achat. Un excellent exemple de cet usage est aujourd’hui représenté par Foursquare.

L’étude conclut que 1/5 des acheteurs anglais achètent déjà par mobile (il s’agit du pays le plus avancé).

45-50% achètent des tickets ou des produits. 1/5 le fait grâce à Paypal.

Thierry Chopard, Manager Business Development Paypal explique que 20-25% des gens font déjà des transactions sur mobile : 5 millions possèdent un iPhone et 5 millions de français surfent sur mobile : cela représente des chiffres importants et il est fort temps que les commerçants se mettent sur le marché de la vente mobile.

Le véritable coup de pouce au marché sera donné par Android qui représente déjà 33% des ventes mobiles aux Etats-Unis et 19% en Europe de l’Ouest. Les opérateurs d’ailleurs sont en train de pousser Android très fort dans leurs offres.

Rakuten (qui a récemment racheté Price Minister) a réalisé au Japon 20% de ses ventes sur mobile (>100 Md$).

Paypal représente 140M$ de transaction mobiles en 2009 et prévoit de dépasser les 500M€ en 2010 avec comme principal marché les US.

En France, Paypal dépasse les 10 millions de comptes dont 5 millions sont actifs.

Aujourd’hui la facturation sur mobile passe principalement par les opérateurs pour l’achat de contenu digital. Les opérateurs facturent 20 Md$ dans le monde dont 7 Md$ en Europe et 500 M$ en France.

Mais si le m-commerce veut passer à la vitesse supérieure il faudra trouver d’autres moyens. La carte bancaire n’est pas un outil adapté pour les transactions mobiles : en effet il y a trop d’informations à saisir, notamment les adresses de livraison, et cela prend trop de temps. L’achat en mobilité peut se faire entre deux stations de métro : il faut qu’il soit simple à réaliser. De surcroît à chaque nouvelle page de saisie le taux de drop (abandon d’achat) augmente. A cela se rajoutre un frein certain des utilisateurs qui n’ont pas envie de saisir leurs informations de carte sur un mobile qui pourrait être volé.

Pour toutes ces raisons Paypal peut être une solution performante de développement du m-commerce.

Paypal a développé des applis pour iPhone, Blackberry et Android. Plusieurs vidéos sont disponibles sur YouTube pour illustrer comment envoyer de l’argent à ses amis par « bump ». Pendant les vacances, Paypal aux Etats-Unis a intégré la possibilité d’envoyer des dons aux associations caritatives. Dernièrement une autre fonctionnalité Paypal a fait beaucoup parler d’elle aux US : la possibilité d’encaisser un chèque simplement en envoyant sa photo recto-verso prise avec l’iPhone. 100000 $ de transaction ont été ainsi réalisées en 36 heures.

Paypal travaille sans relâche pour enrichir constamment l’application.

Désormais un bouton « pay with Paypal » est intégré à l’appli Ebay dans les pays anglophones. Les transactions faites avec Paypal sur Ebay sont garanties à 100% pour les acheteurs comme pour les vendeurs.

Aujourd’hui les commerçants ont le choix entre 3 formules d’intégration de Paypal :


  1. In-app purchase, c’est-à-dire paiement Paypal intégré directement dans l’application. Une Mobile Payment Library est disponible sur www.x.com
  2. Transfert sur smartphone : les commerçants qui ont déjà intégré Paypal sur leur site peuvent très facilement le transférer aussi sur les smartphones (iPhone et Android) grâce à Paypal Express. C’est le cas, par exemple de Layar et PhotoService, qui ont intégré Paypal mobile.
  3. Les opérateurs peuvent intégrer Paypal au niveau des API (native application). L’écran est le même que lorsque le consommateur a une appli Paypal. Cela sert à rassurer le client final et à lui donner des repères.


L’utilisation de Paypal permet de customiser son paiement : l’adresse de l’utilisateur, déjà saisie sur son compte Paypal en ligne, est automatiquement insérée lors d’un achat mobile. Elle peut être modifiée si nécessaire ; autrement elle n’a pas besoin d’être re-saisie.

Comment le m-commerce peut aller plus loin ?

Quelques exemples :

Redlaser (racheté par Ebay) est un scanner de codes barres. On peut imaginer une utilisation où l’on scannerait un code barre en magasin, on obtiendrait en temps réel un comparatif de prix et on pourrait acheter l’objet directement sur mobile au prix le lus bas.

Une autre utilisation permettrait d’effectuer et matérialiser un achat totalement par mobile : par exemple on pourrait acheter un billet sur mobile, obtenir un code 2D et faire scanner ce code directement à partir du téléphone.

Paypal a développé en Mai 2010 une appli iPhone « fun » et gratuite qui s’appelle Bump et sert à s’échanger des paiements entre amis par un simple tapotage entre deux téléphones.

Layar a développé une appli iPhone qui permet de rajouter une couche de réalité augmentée à l’appareil photo afin d’être guidés vers des lieux d’intérêt.

Question du public : quid de Square en Europe ? Les paiement par des services type Square peuvent difficilement se développer en Europe car nos cartes sont dotées d’un chip (système Pen or PIN). Mais il y a des constructeurs en Europe qui poussent le sujet.

Question du public : est-ce que Paypal a un statut de banque ? Oui en Europe Paypal a un statut de banque domiciliée au Luxembourg. Cela est du à la règlementation européenne. Mais Paypal ne se considère pas comme une banque mais comme un facilitateur de paiements. Ce qui est intéressant est qu’aujourd’hui beaucoup de banques revendent Paypal. Elles le font en particulier avec les petits commerçants qui se lancent dans le e-commerce, à qui elles conseillent l’utilisation de Paypal plutôt que celle de paiement bancaire en ligne. Paypal travaille beaucoup avec les banques au niveau des couches basses.

Bling Nation est une start-up qui propose l’utilisation de Paypal pour le paiement en caisse à travers des tags RFID qui permettent également d’obtenir des réductions et des avantages.

Pauline Herbinet nous parle de l’intégration de Paypal dans l’application mobile d’Aquarelle, première appli de vente de fleurs sur mobile. Aquarelle.com, fleuriste en ligne, a lancé il y a 1 mois (le 14 Septembre 2010) une application marchande sur iPhone. L’iPhone a été choisi car sa fonction zoom se prête bien au type de biens vendus. L’application se veut ludique : elle consiste en un jeu de grattage qui permet d’obtenir des offres de prix plus intéressantes que sur le site internet (et bientôt même un bouquet gratuit). Après le jeu on commande.

Après un mois de test les résultats sont encourageants :

Le taux de transformation est de 10%

Plus de 50% de nouveaux clients ont commandé via l’appli

L’intégration de Paypal a été facile et 10% des commandes sont passées via Paypal

La pénétration de Paypal sur téléphone mobile est le double par rapport au web

Olivier Binet de Paypal nous parle de comment on peut monétiser ses idées.

Il y a un an Paypal s’est dit que ce ne serait pas eux qui allaient inventer les modes de paiement du futur, mais que ce serait les utilisateurs qui le feraient, Paypal se limitant à leur en fournir les outils. C’est comme ça qu’est né www.x.com, une plateforme d’API pour les développeurs qui souhaitent intégrer des solutions Paypal à leurs applications. On peut jouer avec les API dans un environnement test appelé le « bac à sable » avant de les ingtégrer à sa propre application ?

3 idées sur l’évolution de l’utilisation du mobile :

1. Le mobile va devenir un portemonnaie, et donc garantir les mêmes fonctionnalités que celles que j’ai avec un portemonnaie réel : échange de cash entre personnes, encaissement de chèques, cartes de fidélité, bons de réduction, etc.

2. Le mobile nous amènera quelque part, il nous conduira en particulier vers les lieux de vente. L’application Bling Nation a été développée pour que l’on puisse utiliser le téléphone comme moyen de paiement en caisse sur le lieu de vente.

3. La monétisation aura lieu dans les différentes plateformes de téléchargement d’applis : la question qui se pose est comment créer une cinématique de paiement qui permette aux fabricants (de tablettes, de téléviseurs, de devices connectés) de payer rapidement des développeurs d’applis pour leur plateforme tout en prélevant leur commission sur les ventes ? Cela était par exemple le cas d’Archos qui souhaitait mettre en relation un acheteur de tablette Archos avec un développeur de jeux en prélevant sa commission au passage. Cela a été possible grâce aux API proposées par Paypal et Archos a développé AppsLib.

Rémi Durand, directeur marketing chez Archos, explique que leur volonté est de procurer aux développeurs de nouveaux marchés en dehors des smartphones.

Depuis qu’AppsLib a été développé, chez Archos on est passé très rapidement de 300 applis à 10000 et les chiffres augmentent d’environ 200 applis par jour : le coefficient démultiplicateur est énorme ! Ils travaillent avec Gameloft et Electronica.

La répartition des revenus est de 70% pour le développeur et 30% pour Archos.

Paypal offre la simplicité de paiement et aussi la possibilité de changer à tout moment de mode de paiement (par exemple si une carte a été piratée). En outre, Paypal bénéficie d’une présence mondiale, point très important pour Archos.

Archos a opté pour le renforcement des solutions Paypal, déjà extrêmement sécurisées, par un code PIN que seul l’utilisateur connait.

Sur le web le taux de fraude avec Paypal est deux fois inférieur à l’utilisation d’une carte bancaire.

vendredi 25 juin 2010

Stéphane Richard - France Télécom Orange - débat organisé par Les Echos

Ce soir se tenait à la Galerie Colbert, rue Vivienne à Paris, une conférence-débat organisée par Les Echos  qui avait pour invité d'honneur Stéphane Richard, patron de France Télécom - Orange.

Parmi les animateurs du débat, Philippe Escande, éditorialiste des Echos et excellent observateur des tendances de la révolution numérique.

Vous trouverez ci-dessous un compte-rendu exhaustif des questions-réponses de la soirée.

Introduction de Philippe Escande :
France Télécom a vu une succession de patrons avec des styles bien différents : Michel Bon en 1995, ensuite Thierry Breton, manager de guerre, qui le premier a imposé la contrainte des tensions budgétaires, et puis Didier Lombard qui a poursuivi une mutation à marche forcée.
Fin 2009 c’est l’arrivée de Stéphane Richard, ancien Directeur de Cabinet de Christine Lagarde, HEC, ENA, Inspection des finances.

Les Echos : L’entreprise doit répondre aux marchés. La croissance des télécoms est révolue. Comment réveiller le marché des télécoms ?

Stéphane Richard : ce qui frappe en arrivant chez France Télécom c’est sa force, sa puissance. Le groupe compte 180.000 salariés, 50 Md € de chiffre d’affaires, une marge de 16 Md€ et 8 Md€ de cash flow libre. Il s’agit d’un groupe qui aujourd’hui a une situation financière saine. C’est le 5ème groupe mondial de télécom. Il a le meilleur rating. Pour donner un exemple, lorsque FT va sur le marché des obligations en euros, ils empruntent à des taux inférieurs à ceux de l’état français. L’activité est équilibrée entre la France et l’international (50-50). L’équilibre est aussi dans les pays : France Télécom est présente dans un peu plus de 30 pays : aucun n’est en situation déficitaire. Cette présence est un atout de taille.

Je constate une certaine noirceur dans le regard des marchés sur l’industrie des télécoms. Personne ne voit de croissance ou d’avenir chez les opérateurs télécoms, que l’on appelle souvent tout simplement des « carriers », des transporteurs de données. On voit les télécoms comme une valeur de rendement non pas comme une valeur de croissance. En général le secteur est composé d’entreprises dont le CA est stable ou en légère croissance.

La première question à laquelle on a envie de s’attaquer est celle des vecteurs de croissance dans cette industrie. Il y a un décalage entre la puissance des groupes télécom internationaux (des groupes comme Telefonica, France Télécom, Deutsche Télécom et Vodafone représentent à eux seuls 1 millions de salariés) et la perception du marché.

Je pense que les vecteurs de croissance du secteur sont partout : dans les usages, dans les abonnés… Aujourd’hui il ya 5 milliards de téléphones mobiles en activité dans le monde. On ira rapidement vers un téléphone par habitant sur la planète. En Egypte, par exemple, France Télécom compte 26 millions de clients : c’est plus qu’en France. Par ailleurs, on assiste à l’arrivée des réseaux à très haut débit dans le fixe et le mobile qui va déboucher vers une formidable explosion des usages. Donc il y a de la croissance !

Je pense que France Télécom doit revenir à son corps de métier et capter une part de la croissance et de la valeur future. Il y a 3 vecteurs majeurs de croissance :

1. Les réseaux : je pense que l’on a été un peu loin en disant que les réseaux devenaient une sorte de commodité. On constate aujourd’hui que beaucoup d’investissements sont encore nécessaires pour moderniser ces réseaux. Les acteurs avec la capacité de créer de réseaux à haut débit auront une position de force. Ces réseaux performants représentent une forme de rareté. La gestion du trafic va devenir clé. Déjà aujourd’hui le trafic sur les réseaux mobiles représente 3 fois la voix et la data sur les réseaux fixes. Le mobile est un réseau qu’il faudra partager à tout moment avec d’autres opérateurs. Il s’agit d’un vrai gisement de croissance et de valeur pour France Télécom. Cela permet aussi de compenser les impacts négatifs de la régulation. A France Télécom nous sommes convaincus qu’il y a -en matière de tarifications- des nouvelles voies à explorer.

2. Développement des services et des usages. Les services sont le plus souvent amenés par des acteurs « over-the-top » (notamment les acteurs américains d’internet). Mais dans les services l’opérateur a un gros point de force : il est le seul a avoir une relation directe avec le consommateur final (France Télécom a 200 millions de clients avec lesquels il est en contact par le biais d’une facture). Chez France Télécom 3000 personnes travaillent en R&D sur les nouveaux services et les nouveaux usages des terminaux connectés. Les axes d’investigation de la R&D sont ensuite traduits en offres concrètes. Actuellement il y a à peu près 1000 développements en gestation qui vont du mobile banking au mobile payment.

3. International : il y a encore beaucoup d’endroits dans le monde où les taux de croissance sont à deux chiffres soit parce qu’il y a encore des poches de croissance soit parce que les marchés sont sur des modèles « pre-paid » (cartes prépayées) qu’il faudra transformer en « post-paid » (formules d’abonnement). En terme de présence internationale France Télécom mise énormément sur l’Afrique et le Moyen-Orient. Il faut faire de la croissance organique sur ces pays. Le phénomène du haut débit mobile est très important en Afrique car il permet aux africains d’accéder à internet, les réseaux filaires étant quasi-inexistants. France Télécom travaille avec Apple sur l’idée d’un smartphone pour le marché africain (prix objectif = 100 USD, soit beaucoup moins cher qu’un smartphone en Europe ou aux US). Les relais de croissance pour France Télécom seront vraiment en Afrique et au Moyen-Orient.

Les Echos : pourquoi l’intérêt de France Télécom pour le Monde en tandem avec Perdriel ?

Stéphane Richard : je n’ai jamais dit que FT n’avait pas de stratégie d’investissement dans les contenus. 400 millions d'euros par an sont actuellement consacrés à l’achat de contenus, mais la stratégie d’achat de contenus a besoin d’être actualisée. Je suis en faveur de modèles ouverts et non pas de modèles fermés : des modèles fermés (type le football, ndr) ne sont pas soutenables sur le long terme. La distribution de contenus en exclusivité aux abonnés ne sera d’ailleurs bientôt plus possible. De ce fait, je cherche un partenariat dans les contenus axé sur la technologie, d’où l’intérêt de devenir partenaire minoritaire d’un groupe de presse et d’avoir accès aux contenus numériques : capitaliser sur l’audience internet d’un journal connu comme le Monde ne représente pas une contradiction.

Les Echos : on débat beaucoup de la neutralité du net avec l’idée que les gros fournisseurs de contenus (Google, Youtube, …) devraient payer pour l’utilisation des réseaux. Allez-vous pouvoir leur faire payer une facture ?

Stéphane Richard : sur les réseaux mobiles on est tous confrontés à un problème de congestion, car un petit nombre d’utilisateurs pompent la grande partie de la bande passante. France Télécom ne peut pas garantir que l’ensemble des contenus soit gérable avec les mêmes grilles tarifaires et la même qualité de service pour tous. Une discrimination par la qualité et par le prix peut tout à fait être imaginée demain : il n’y aurait rien de scandaleux et de toutes les façons on va bien être obligés d’en arriver là. Je me suis entretenu avec Sergey Brin, co-fondateur de Google, et c’est lui-même qui m’a suggéré de différencier par qualité de services et prix.

Les Echos : pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec Steve Jobs ?

Stéphane Richard : Les iPhones représentent une petite partie des téléphones en circulation. A la rentrée en Septembre il va y avoir d’autres acteurs qui rentreront dans l’arène concurrentielle à la fois avec des nouveaux smartphones et de nouvelles tablettes.
France Télécom est le deuxième client d’Apple dans le monde. Sur un an ils achètent 1,7 millions d’iPhones sur 30 millions de téléphones au total. Apple est passionné par le projet africain de smartphone à bas prix. Jobs n’est pas un homme de chiffres mais un homme de produits. Il a passé par exemple 10 minutes à m’expliquer pourquoi l’iPad était le BON format de tablette. Il est impressionnant par sa force. Il doit être terroriste dans la construction de ses produits et les exigences de qualité. Il mange tous les midis avec ses employés à la cafétéria et va trainer à l’Apple Store à Palo Alto pour parler avec ses employés.

Les Echos : on a l’impression que France Télécom veut mettre des obstacles sur la route du quatrième opérateur de téléphonie mobile Free.

Stéphane Richard : nous n’avons pas obligé Free à acheter la 4ème licence 3G. Si ça avait été l’affaire du siècle il y aurait d’ailleurs eu d’autres candidats ! Free était seul et savait parfaitement qu’il n’y avait aucune sécurité sur l’itinérance 3G. Maintenant il est confronté aux gros investissements tels l’implantation d’antennes et trouver des emplacements, etc. Et ce n’est pas facile. France Télécom a investi des milliards d’euros pour construire son réseau 3G : pourquoi serait-il obligé de le partager avec Free ? L’autorité de régulation ne s’est pas exprimée clairement sur ce sujet. Mais s’ils obligent les opérateurs existants à ouvrir leurs réseaux 3G pour Free, alors ils devraient refaire l’appel d’offre, car d’autres concurrents ne se sont pas présentés à cause justement de l’absence d’itinérance 3G.

Question du public : si les médias vous intéressent, pourquoi ne pas avoir visé le Parisien, plutôt que le Monde comme journal ?

Stéphane Richard : Orange ne veut pas être le pivot d’un projet de reprise. Si un journal compatible avec nos objectifs nous propose une participation minoritaire, et si la reprise du Monde ne marche pas, on pourrait s’y intéresser.

Question du public : convergence fixe-mobile. Dans combien d’années les lignes fixes auront-elles disparu ?

Stéphane Richard : personne ne mise sur la disparition des réseaux fixes. D’ailleurs les réseaux mobiles ont besoin d’avoir un backbone fixe. Il n’y aura pas un réseau qui l’emporte sur un autre. La télésanté, le télétravail, la télé-éducation auront besoin de réseaux fixes : d’où l’intérêt du réseau à haut débit fixe qui est la fibre. Le réseau cuivre perd entre 400 et 500.000 lignes par an. France Télécom doit gérer la transition entre le réseau cuivre et le réseau fibre, mais n’est pas dans une logique de transition entre fixe et mobile.

Question du public : Et la Tribune ? Et Noos ?

Stéphane Richard : l’information est l'un des principaux contenus que les internautes vont rechercher sur la toile, donc France Télécom ne peut pas ne pas s’y intéresser. Aujourd’hui ils travaillent avec tous les journaux.

Question du public : la gratuité. Quelle est votre vision de la transhumance d’un modèle gratuit à un modèle payant de consommation du contenu ?

Stéphane Richard : c’est un combat qui est difficile mais qui est certainement indispensable, car le mécénat a des limites. La révolution numérique doit faire émerger un modèle économique pour monétiser les contenus. Je suis un peu remonté contre des acteurs qui entretiennent le modèle de la gratuité tout en se finançant grâce à la captation de la recette publicitaire, Google pour ne pas les citer. Internet doit être ouvert mais également équitable, afin que tous les acteurs y trouvent leur compte. Il faudra aller vers des solutions d’abonnement ou d’agrégation de contenu. Le numérique est une formidable opportunité pour la presse pour élargir la diffusion (vis-à-vis du papier qui décline). Face à cette situation deux attitudes sont possibles. Soit on considère que le monde change et qu’on y peut rien : c’est une manière de voir les choses ; soit on essaye de faire évoluer les choses : France Télécom ambitionne d’être un acteur qui permet une répartition équitable des ressources.

Question du public : il y a-t-il des logiques d’alliance à l’international, comme celle qui a été mise en place en Angleterre ?

Stéphane Richard : Les environnements réglementaires ne sont pas encore prêts pour cela. En Suisse, par exemple France Télécom n’a pas réussi à convaincre l’autorité anti-trust. Il y a une forte fragmentation de la réglementation dans chacun des pays européens : c’est un problème par rapport à la Chine ou aux Etats-Unis. En Europe il y a 160 opérateurs télécom contre une dizaine aux Etats-Unis et quelques-uns en Chine.

Question du public : est-ce que le prix très élevé des licences UMTS n’a pas été à l’origine de l’inexorable déclin de certains acteurs télécoms européens tels que Nokia ou Siemens ?

Stéphane Richard : France Télécom travaille avec des équipementiers Européens. Il ne faut pas être trop pessimistes. Les européens peuvent être tout à fait compétitifs sur la LTE. Par exemple France Télécom a construit un centre avec Alcatel Lucent qui maitrise très bien cette technologie.

Les Echos : est-ce que la page des difficultés sociales de France Télécom est tournée ?

Stéphane Richard : Non. Je passe beaucoup de temps avec les instances des salariés et la médecine du travail. La crise qui a secoué France Télécom n’a pas été une simple bourrasque sociale. Les salariés sont dans un malaise très profond qui prend ses racines dans l’impression d’une absence de projets, dans le vieillissement des instances sociales. Il faut apporter une transformation profonde qui prendra du temps et sera longue. Il’ s’agit d’une reconstruction profonde de l’entreprise qui est un travail de longue haleine. Aujourd’hui le dialogue a été ouvert. Parfois il est dur. Pour le comité de Direction cela implique un travail de tous les instants sur l’exécution. Il faudra qu’il y ait une énergie constante et que l’on vérifie en permanence que tout ce que l’on a voulu mettre en place se passe effectivement sur le terrain.

vendredi 19 mars 2010

Franchise Expo 2010

Du 14 au 17 Mars 2010 se tenait à Paris Franchise Expo, plus communément connu comme le Salon de la Franchise, une manifestation réunissant sur 4 jours à la Porte de Versailles plusieurs milliers de visiteurs et les stands de dizaines d'enseignes en franchise.
Outre les rencontres avec les professionnels, le salon proposait également des ateliers d'experts traitant des fondamentaux et des aspects juridiques et financiers de la franchise.
J'ai synthétisé toutes ces précieuses informations dans la présentation ci-dessous. J'espère qu'elle vous sera utile.

jeudi 31 décembre 2009

Les secrets des presentations de Steve Jobs

Il y a quelque temps je reportais dans cet article une conférence de Jacques Birol qui décortiquait le savoir-faire impressionnant de Steve Jobs dans ses présentations concernant les produits innovants.

Ci-dessous, je vous invite à découvrir une présentation de Carmine Gallo -journaliste à Businessweek- qui me parait fort bien réussie. Carmine Gallo a également écrit un livre intitulé "The Presentation Secrets of Steve Jobs. How to Be Insanely Great in Front of Any Audience". Bonne vision!

mardi 22 décembre 2009

Tontine chinoise ou tontine africaine? Comment la microfinance s'invite sur internet

Comme l'explique bien le site golden.motorhome, la tontine est une association collective d'épargnants qui mettent en commun des fonds pour une période librement déterminée. Il s'agit d'un système d'épargne mutuelle hautement rentable (les taux de rendement peuvent facilement atteindre 8% pour une immobilisation sur 20 ans) et avec un niveau de risque relativement faible. On pourrait résumer la pratique de la tontine comme "une petite collecte entre amis".

Le système de la tontine est bien connu dans certaines régions du monde, Afrique, Inde ou Chine, où elle est couramment pratiquée. La tontine est souvent reprise à nos latitudes par les ressortissants de ces pays, notamment lorsqu'ils n'ont pas accès au crédit via le système bancaire traditionnel (manque d'apport initial, manque de garanties suffisantes, etc.). Il s'agit également d'un liant communautaire fort pour des populations souvent en manque de repères dans un pays étranger.

Selon le pays d'origine et les finalités (aider financièrement l'initiateur ou organiser une véritable épargne mutualiste) les tontines peuvent être organisées selon des modèles mathématiques différents : il y a ainsi les tontines avec "levée à tour de rôle", "avec levée par tirage au sort", "au seul bénéfice de l'initiateur", etc… Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de l'ouvrage reporté ici, qui spécifie les méthodes de calculs traditionnellement appliquées aux tontines chinoises.

L'intérêt des systèmes de micro-crédit est double :
  • Pour les emprunteurs, il s'agit d'obtenir de l'argent à moindre frais ou alors de l'obtenir tout court, lorsqu'ils n'ont pas accès au crédit bancaire traditionnel (surendettement, manque de garanties suffisantes, situation précaire, etc.)

  • Pour les prêteurs, le micro-crédit octroie généralement un rendement moyen (8%) bien plus intéressant que le système bancaire et -de surcroît- il permet de s'investir personnellement dans le projet de l'emprunteur et de donner ainsi un sens à son argent (ce qui n'est pas le cas avec les SICAV!).

Depuis 2005, plusieurs sites aux US et en Angleterre se sont lancés avec succès dans le crédit PtoP (peer to peer), c'est-à-dire entre particuliers. Nous pouvons citer, par ordre de création:


Zopa, site anglais fondé en 2005 a pour vocation de faire rencontrer emprunteurs et prêteurs sans passer par l'intermédiaire bancaire. Le site prend à sa charge l'évaluation des emprunteurs qu'il qualifie par une note de risque allant de A+ à C. Ensuite des prêteurs proposent le montant, le taux d'intérêt et le niveau de risque à hauteur desquels ils sont prêts à financer des emprunteurs. Le montant qu'un prêteur propose est systématiquement réparti entre plusieurs emprunteurs, afin de diminuer le risque d'impayés. Zopa se substitue à la banque en prenant la responsabilité de distribuer l'argent entre les parties, de remplir les formulaires légaux, de vérifier l'identité et la solvabilité des emprunteurs et d'assurer la collecte des remboursements mensuels. Zopa se rémunère en prélevant 0.5% sur les transactions des emprunteurs et 0.5% sur les montants annuels mis à disposition par les prêteurs. Fondé en 2005, Zopa avait déjà distribué 20M$ en 2006.


Kiva, site non-profit fondé en Mars 2005, a pour vocation de financer des entrepreneurs à très faible revenu basés dans des pays émergents. Chaque projet d'entreprise est accompagné de la biographie de l'entrepreneur et les prêteurs choisissent les projets sur la base de leur intérêt social, de la zone géographique ou du degré de risque qu'ils sont prêts à accepter. Chaque prêteur débourse des montants qui peuvent être aussi petits que 25$. Lorsque le montant total demandé par l'emprunteur est atteint, la somme est transférée via Paypal vers l'un des partenaires locaux de Kiva, d'habitude une institution de micro-paiement, qui s'occupe ensuite de distribuer les fonds à l'entrepreneur et de collecter ses remboursement mensuels. Dès que l'emprunt est totalement remboursé, la société de micro-crédit renvoie la somme via Paypal à Kiva qui la redistribue ensuite aux créanciers. Paypal ne charge aucun honoraire pour le transfert de ces sommes de et vers Kiva, compte-tenu du caractère "non-profit" de l'organisation. Les emprunteurs peuvent voir à tout moment le statut de remboursement de leur prêt et avoir des informations de l'entrepreneur pour savoir comment son projet avance. En Novembre 2009 Kiva a atteint les 100 M$ de crédits octroyés.


Prosper, site américain fondé en Février 2006 est basé sur un système d'enchères qui permettent aux prêteurs de choisir les projets (et donc les emprunteurs) qu'ils souhaitent financer et de proposer le taux d'intérêt qu'ils souhaitent obtenir. L'emprunteur obtient le prêt si les enchères effectuées couvrent la totalité du montant demandé. Le taux final qu'il aura à payer correspondra aux taux minimum obtenu par enchère, majoré de 1% de frais de service pour Prosper. Les prêteurs ont également la possibilité d'investir sur des portefeuilles sélectionnés par Prosper sur la base des caractéristiques de risque et de rentabilité qu'ils sont prêts à accepter. Pour de plus amples informations, je vous conseille de consulter leur tutorial. Prosper distribue annuellement environ 180 M$.


Lending Club, a commencé son activité en Mai 2007 en tant que application Facebook, même si depuis il s'est étendu à d'autres réseaux sociaux. Il capitalise donc sur les rapports de proximité et de confiance instaurés par les réseaux sociaux. Afin de pouvoir obtenir un crédit, les emprunteurs doivent être qualifiés par le site : leur taux de risque est évalué sur une échelle de A à G. Les taux d'emprunt sont fixes et la période de remboursement moyenne est de 3 ans. Le rendement moyen pour les prêteurs est de 9.05%. Les prêteurs peuvent choisir à qui ils souhaitent octroyer le financement, selon le degré de risque qu'ils sont prêts à accepter ou la relation (ex. amitié) qu'ils ont avec l'emprunteur. En général, le système favorise les créditeurs solvables et qui savent défendre leur projet. Les demandes de prêt servent souvent à consolider la dette de l'emprunteur : elles remplacent dans une certaine mesure le crédit à la consommation (beaucoup plus cher). Le prêt minimum constaté est de 1000$, le prêt moyen de 5500$ et le maximum de 25000$. Lending Club distribue actuellement plus de 7 M$/mois.

En France, le micro-crédit destiné aux populations en difficulté sociale est traditionnellement distribué par l'Adie, avec des taux de défauts constatés deux fois inférieurs à ceux des organismes de crédit traditionnels. Le prêt moyen est de 7500€ et le prêt maximum d'environ 15000€.


En France et sur internet, le micro-crédit se développe grâce à des sites comme FriendsClear (né en Juillet 2007), qui aide les membres d'une même famille ou les amis à se prêter de l'argent entre eux. Jusqu'à aujourd'hui, FriendsClear à aidé des particuliers à se prêter environ 350.000€. Contrairement aux sites américains, FriendsClear n'intervient dans la transaction que pour aider les parties à établir un échéancier de remboursement et une reconnaissance de dette : il ne qualifie pas l'emprunteur par un systèmes de notes et il ne fixe pas par enchère le taux de crédit auquel se réalisera la transaction. FriendsClear se rémunère par un "flat fee" prélevé sur l'acte de reconnaissance de dette de la part de l'emprunteur (9.90 € pour un acte dématérialisé et 19.90€ pour un acte écrit). A partir de Janvier 2010, le site va étendre la plateforme en dehors du cadre strictement familial, pour faire accéder au micro-crédit le plus grand nombre.

Si vous souhaitez en savoir plus et évaluer les institutions de microfinance (IMF) qui distribuent des fonds aux pays en développement, allez voir le site PlanetFinance (PlanetRating) qui établit un rating des IMF dans le monde.

jeudi 17 décembre 2009

Paycamp chez Paypal



Samedi 12 Décembre se tenait dans les locaux de Paypal, rue de la Banque à Paris, le premier barcamp totalement dédié aux solutions de monétisation de l'audience, paiement mobile, micro-paiement, systèmes de paiement émergeants, etc. Ceci -bien évidemment- en relation avec l'ouverture des API de Paypal aux développeurs dans le cadre du programme Paypal X.

Plusieurs ateliers informels ont eu lieu, le but de Paypal étant de se nourrir de la réflexion des participants pour alimenter sa propre réflexion stratégique :
  • Paiements en mobilité et nouveaux moyens de paiement
  • Mobilité et usages
  • Sécurité des transactions
  • Systèmes de microcrédits
  • .......
Quelques grandes lignes apparaissent :
  • Paiement en mobilité ne veut pas forcément dire paiement par mobile : les distributeurs, les machines à laver, les stations Vélib, les cadres photos, les téléviseurs ou d'autres types d'appareils pourront devenir autant de terminaux de paiements dans lesquels Paypal pourrait s'intégrer;
  • Le modèle économique du paiement dématérialisé "de particulier à particulier" ou PtoP (peer to peer, en anglais) est loin d'être totalement exploré et recèle un fort potentiel de développement;
  • La sécurité du paiement par mobile est un point encore sensible : aujourd'hui sont mis en place surtout des systèmes mixtes qui impliquent la création de comptes utilisateurs et de mots de passe sur internet afin de pouvoir être utilisés sur mobile. La possibilité de créer un compte de paiement directement via mobile n'existe pas pour l'instant, la liaison n'étant pas totalement sécurisée. Des sociétés, telles que NTX Research développent actuellement des solutions d'authentification fortes, complètement adaptées à un usage mobile.
  • Des nouveaux systèmes d'encaissement et d'émission de reçus via mobile pour commerçants nomades (ex. brocanteurs, vendeurs sur la plage) se développent : par exemple la société Vending Automation a développé SideCash qui permet d'utiliser un téléphone portable ou un PDA comme terminal d'encaissement. Par ailleurs, la start-up Square (il s'agit de la nouvelle création de Jack Dorsey, fondateur de Twitter), a développé un mini-lecteur de carte de crédit qui s'insère directement dans la prise audio de l'iPhone et qui permet au vendeur de recevoir des paiements par carte de crédit sans devoir disposer d'un terminal spécifique. Mais les résistances des utilisateurs à utiliser le téléphone du vendeur comme terminal de paiement son encore fortes, en particulier dans les pays équipés de cartes à puces, où les utilisateurs doivent insérer leur mot de passe dans un téléphone qui n'est pas le leur (voir à ce propos l'article du blog MobileBanking, assez explicite sur les risques encourus)...
  • Le développement du paiement par mobile passera par la facilité et donc -entre autres- par la centralisation des informations de paiement, de livraison et de facturation de l'utilisateur sur un base de données unique, accessible par tous les sites de télévente : Paypal pourrait avoir un rôle de premier plan à jouer dans ce sens.
  • Pour faciliter le paiement mobile, Paypal est actuellement en train de développer pour iPhone des applis de paiement de personne à personne, beaucoup plus ergonomiques que les solutions WAP. Ces dernières sont en effet juste une représentation, adaptée à l'écran du mobile, du site internet. Paypal poursuit également des expériences de "Text to Buy", c'est à dire de paiement par SMS. Après inscription de son mobile sur le site internet de Paypal il est possible d'effectuer le paiement d'un objet ou d'envoyer un don à des associations caritatives, simplement en envoyant un SMS. Ce système a été utilisé -par exemple- pour recueillir des dons après l'ouragan  qui a détruit la Nouvelle Orléans. Mais le text to buy implique une inscription préalable sur internet et cela s'est démontré un facteur bloquant pour le succès du service.
  • Plusieurs sites ont besoin d'implémenter des modèles de paiement partiels et mutualisés : c'est le cas, par exemple, de Yoocasa.com, un site qui organise des réunions virtuelles entre membres d'une même famille et qui souhaiterait permettre à ses inscrits de se cotiser pour s'offrir des cadeaux. Paypal X permettra d'intégrer cette fonction tout en respectant la règlementation européenne qui prévoit le statut de banque pour procéder à la collecte d'argent pour le compte d'autrui. Dans le cas d'un pot commun entre amis (en mode PtoP) d'autres solutions existent : l'une d'entre elles est développée par Paypal et s'appelle Paypettes ; l'autre, Commonbox, utilise Paypal comme partenaire.
  • Le paiement par mobile lié à la géolocalisation va vraisemblablement se développer : pensons à la possibilité de localiser, pré-réserver et prépayer des restaurants, cinémas, théâtres et musées près du lieu où nous nous trouvons
  • D'autres utilisations mobiles pourraient être liées à la dématérialisation des chèques cadeaux, des tickets restaurant et des bons de réduction. Les magasins ou les restaurants pourraient ainsi reconnaître le ticket directement sur le mobile de l'utilisateur pour déclencher leur remboursement, sans devoir procéder à a longue et fastidieuse comptabilité papier qui -de surcroît- ne leur permet pas d'être payés en temps réel. Dans le cas des tickets restaurants, néanmoins, ce développement va à l'encontre des intérêts du puissant lobby des imprimeurs....
  • Aux Etats-Unis Paypal a développé le Paypal Students Account, un compte, doublé par une carte de débit, qui permet aux parents de verser de l'argent de poche à leurs enfants et aux enfants d'avoir une carte de paiement personnelle limitée aux montants versés par les parents.
Pour plus d'informations sur les idées échangées lors du Paycamp, vous pouvez également lire l'article publié dans le blog Conseils Marketing.

Au Paycamp, Jean-Christophe Capelli, cofondateur du site FriendsClear, est venu nous parler du micro-crédit sur internet. J'ai consacré un billet spécifique au micro-crédit, que je vous invite à découvrir ici.

Requiem pour la taxe professionnelle

Excellente note de Jean-Marc Vittori aujourd'hui dans les Echos concernant le calcul "post mortem" de la taxe professionnelle, afin de garantir aux collectivités locales son remplacement "à l'euro près". Je reporte l'article ci-dessous.


"Joli cadeau pour un jeune créateur d'entreprise. A quelques jours de Noël, il vient de recevoir une déclaration d'impôts à remplir pour la Saint-Sylvestre. Mais pas n'importe quelle déclaration : celle pour la taxe professionnelle que le Parlement vient pourtant de rayer de la carte fiscale. Par chance, le service des impôts avait eu vent du projet, annoncé par le président de la République le 5 février dernier. Pour éviter de donner un coup au coeur du créateur déjà éprouvé par sa rude aventure entrepreneuriale, la déclaration est donc accompagnée d'une lettre touchante signée par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, et son collègue du Budget, Eric Woerth. Oui, la TP est bien supprimée. Mais l'Etat a tout de même besoin d'avoir des éléments « afin de calculer le plus exactement possible les ressources que percevront en 2010 les collectivités locales. »


En contribuable averti, le jeune créateur s'interroge. Vais-je vraiment devoir remplir une déclaration pour ne rien payer ? C'est évidemment louche. C'est pourtant la conséquence ubuesque du dispositif retenu. L'Etat a en effet promis en 2010 de verser aux collectivités locales « à l'euro près » ce qu'elles auraient perçu si la taxe n'avait pas été éliminée par une décision du prince. Le fisc doit donc partir à la chasse aux informations « à l'euro près », y compris chez les créateurs qui n'ont pourtant pas grand-chose à déclarer dans la quasi-totalité des cas. Il faut sans doute voir ici la trace de la « simplification administrative » chère au coeur d'Eric Woerth.

En bon citoyen, le jeune créateur se plonge, entre 1 et 2 heures du matin, dans ladite déclaration. Et là, il y a une forme de récompense. Car il découvre enfin le rare bonheur du formulaire 1003P. On lui demande s'il a des apprentis sous contrat, des éoliennes, des camions d'un PTAC ou tracteurs d'un PTRA ≥ 16 T et autocars de 40 places assises, voire des centrales nucléaires (comme si le comptable d'EDF ne savait pas quelle case remplir). Et puis, il se promène dans les fameuses niches fiscales que certains ont su bâtir au fil des ans : investissement en Corse, vétérinaires ruraux, librairies indépendantes, création dans les zones de resturcutration de la défense en vertu de l'art. 1446 A-I quinquies B du CGI… Merci à Bercy pour ce pur moment de poésie administrative dans le cercle des impôts disparus. On en redemande."

JEAN-MARC VITTORI, Les Echos